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Concertation préalable sur le projet d'extension de la ZAE du Parc des Fontaines à Bernin (concertation terminée)

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Un projet sans proposition alternative est un projet risqué pour la résilience de notre avenir.

Proposé par Peyronnard Marc Le 10 novembre 2024

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En réunion publique du rendu de synthèse du 30 octobre 2024, il a été affirmé que ce projet était justifié par la présence d’un cluster important dans la région grenobloise, cela en invoquant une politique des pôles de compétitivité locaux Cette vision des clusters, s’appuie largement sur l’identification de quelques pôles à « vocation mondiale » valorisant le capital symbolique d’un territoire autour de compétences innovantes particulières.

Existe-t-il une théorie des clusters unifiée, largement acceptée et dont le succès d’innovation ne se ferait que par des développements gravitant autour d’entreprises innovantes, situées dans un périmètre de proximité géographique ? La production de connaissance au sein des réseaux serait-elle conditionnelle à la quo-localisation des firmes sur un même espace ?  A l'évidence, non : si la propriété intellectuelle fournit à la firme les bénéfices de son activité de création, la proximité géographique est une source forte de flux involontaires de connaissance (Boschma, 2005) qui engendrent des défauts d’appropriation. Dans ce cas, elle ne protège l’entreprise de la fuite des compétences et des savoirs développés par son activité de production de connaissance, parfois avant que cette dernière soit arrivée à terme.
Contrairement à ce qui est affirmé, une faible distance fragilise la coopération à un niveau local en raison, du déficit de confiance que ces risques de défaut d’appropriation peuvent engendrer.
Par ailleurs, la période est actuellement difficile pour STMicroelectronics. Le fabricant de composants électroniques a terminé son troisième trimestre avec un bénéfice divisé par trois (-67,8%), à 351 millions de dollars, après avoir abaissé ses objectifs annuels au précédent trimestre. Son chiffre d'affaires a, quant à lui, baissé de 26,6% par rapport à l'année précédente, à 3,2 milliards de dollars. Poursuivre le développement dans ce secteur d’activité est un risque qui n’est pas évalué.
Faut-il mettre tous ces œufs dans le même panier ? Quand il est affirmé au cours de cette même réunion publique du 30 octobre : « de nombreux travailleurs du Grésivaudan, ne trouvent pas d’emploi dans le territoire, » ce qui entraîne chaque jour pour eux de longs trajets domicile travail. Dans le même temps, de nombreux travailleurs, qui ont des compétences particulières viennent s’installer dans la région. Localement, il est très difficile de trouver un logement à proximité de Bernin, ces travailleurs, issus d’autres territoires, font souvent de longs trajets. Cette situation indique que les emplois de la micro-électronique, sont très loin de satisfaire la population locale.
Ors ce projet ne présente pas d’étude permettant de connaître les emplois recherchés par habitants du Grésivaudan. Correspondant à leurs compétences, L’objectif serait d’influer le développement d’activités correspondant aux emplois recherchés.
La vallée du Grésivaudan est une terre fertile, la proximité de la nappe phréatique, assurent le maintient des rendements agricoles, les années sèches. Mais les productions principales s’appuient sur la monoculture du maïs et celle de la noix. Ces productions sont marquées par deux paradoxes :
• Le maïs est majoritairement destiné à l’industrie de l’amidonnerie, n’est pas consommé localement, il entre dans la composition des sodas et autres aliments ultra-transformés, de la « mal bouffe ».
• Pour la noix, avec une consommation de 0,5kg par français et par an, le marché domestique peu développé. la noix en coque est largement exportée. La filière noix est confrontée depuis 2022 à une crise importante en France et dans le monde, se traduisant par une chute des cours.
• Avec 110 000 habitants dans le Grésivaudan à proximité de la métropole grenobloise, et une surface agricole utile d’environ 11 000 hectares, pour son alimentation, ce territoire produit moins de 2 % de son alimentation.
Dans le contexte du changement climatique qui impacte fortement les rendements agricole, dans un pays qui importe la moitié des fruits et légumes consommés par ses habitants… Réorienter et aider une agriculture destinée à la consommation locale serait une alternative économique : en maraîchage, un hectare permet de créer un emploi !
Sans réflexion sur la résilience alimentaire et sans propositions d’alternatives économiques, poursuivre l’aménagement de territoire sur des secteurs fortement soumis à la concurrence mondiale, est un risque qui ne doit pas être pris.

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